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SED LEX  

by Pierre-Etienne Vilbert

Texte & Mise en scène
Pierre-Etienne Vilbert


Scénographie

Yvan Robin


Costumes

Pauline Kieffer


Création sonore

Jean-Christian Hackenschmidt

Production

Les Compagnons de Daoloth

Avec
Emmanuel Menouna
Pierre Julien Tritsch
Marie Vonpierre

 

Avec la collaboration

de Mélanie Moussay

Création au théâtre
Le Point d'Eau à Ostwald (67)
en 2005

L'histoire
 

Quelque part dans un futur peu hospitalier, deux hommes se rencontrent au sein d’une des nombreuses cellules de l’Etablissement, sorte de gigantesque prison-machine.
Sans trop savoir pourquoi ils sont enfermés, ni quand ils pourront sortir, les deux hommes font connaissance.
L’un va alors révéler à l’autre la nature du système qui les a placés ici.
Ce pays s’avère être sous l’emprise d’un Gouvernant qui, tout en soignant son image de marque, utilise les lois dans son unique intérêt. Ridiculisant la démocratie dont il soutient garantir la pérennité il règne en tyran sur cet univers, n’hésitant pas à se débarrasser discrètement des dissidents au sein de l’Etablissement.

Arrive une femme énigmatique déterminée à contrecarrer d’une manière bien singulière les projets de l’oppressant Gouvernant.
Dès lors l’avenir des deux hommes devient encore plus incertain…

 


“Le monde est dangereux à vivre.
Non pas tant à cause de ceux qui font le mal,

mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire.“
Albert Einstein


 


Note d’Intention
 

Dans l’optique, qui m’est précieuse, d’unir l’acte théâtral à l’acte politique, ou plus exactement citoyen, j’avais en moi le désir de faire entendre des mots particuliers, une histoire singulière, une révolte, ou au moins, son avant coureur parfum. J’ai parcouru différents auteurs, différents ouvrages. J’ai redécouvert certaines écritures, parcouru parfois de belles histoires, souvent de beaux prétextes au jeu. Rien ne correspondait à la petite voix intérieure, petite voix de la sédition. Il y avait quelque chose à dire mais je ne trouvais les mots nulle part. Je les ai écrits.
 


“Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas.
C’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles.“

Sénèque

 


Acte théâtral certes, car le travail autour des êtres et des mots est une passion, car le jeu est source de plaisir pour le comédien comme pour le public, et que l’univers d’anticipation où se déroule ce huis clos constitue une originalité d’écriture.


Acte politique assurément, car la parole vibre dans les consciences, car je suis convaincu que la forme artistique n’est pas là pour être prostituée sur l’autel du divertissement, et qu’un théâtre intense peut exister, où rires et émotions se mêlent, sans écraser pour autant une réelle réflexion sur le monde qui nous entoure.
 


“Dura lex, sed lex.“ 

(La loi est dure, mais c’est la loi.)
 

Cette citation latine éveilla en moi une interrogation sur le bien fondé de la Loi, ainsi que le but de celle-ci.
Bien qu’il m’ait toujours semblé que la Loi devait permettre aux hommes de vivre en harmonie, j’ai eu le désir de découvrir le pouvoir de celle-ci entre des mains malintentionnées.
J’ai alors imaginé ce qu’il pourrait advenir d’humains subissant l’oppression de lois injustes dans un monde «sous si haute surveillance» que leur propre liberté de penser deviendrait relative.
C’est donc dans la «case finale», dans l’Etablissement, lieu de cauchemar où technologie, automatisation et cruauté s’unissent pour éradiquer tous les «gênants penseurs», que l’histoire se déroule.
On y suit alors le sursaut vital de trois destinées prises au piège par une implacable machine.

A l’heure où des dirigeants américains ont tenté de promulguer la loi « Patriot Act 2 » dans la plus grande discrétion, à l’heure où d’autres pays cherchent à s’insérer compétitivement dans l’économie mondiale aux dépens de leurs propres peuples, et qu’au même moment publicités et programmes télévisuels abrutissants inondent notre quotidien et notre intellect, il m’a semblé important de tirer une sonnette d’alarme.

Cette pièce se veut être une réflexion sur la ruine de l’homme par la confiscation insidieuse de la pensée individuelle, la montée de lois liberticides ainsi que la prolifération d’une technologie prétendument essentielle et infaillible, qui n’a pour seule finalité le contrôle, la surveillance et la classification de chaque citoyen.

A l’instar de «1984» de Orwell, Sed Lex ne doit pas être vu comme la vision futuriste d’une catastrophe mais la peinture lucide des dynamiques qui facilitent son avènement au quotidien.

Au cœur des tourments que vivent les personnages, à travers leur rage et leurs désillusions, la pièce nous questionne sur le rôle du citoyen dans nos démocraties occidentales et ouvre une réflexion sur la responsabilité des actes de chacun, face à l’existence en devenir de tous. L’histoire, tout en se déroulant dans un futur imaginaire, ressemble à une tragédie antique dans laquelle le chœur, symbole palpitant de la voix du peuple, aurait disparu, après avoir été méticuleusement conditionné, tel un brave « Epsilon » (1).


Personne ne peut plus être témoin de l’horreur que connaissent les personnages.Personne, excepté le public qui devient un chœur silencieux et attentif et qui, nous l’espérons, fera alors entendre sa voix si, au détour d’un matin (brun ?)(2), la réalité rattrape cette fiction…


Pierre-Etienne Vilbert
Mars 2007

(1) «Le meilleur des mondes» Aldous Huxley
(2) «Matin Brun» Frank Pavloff

Photos (sauf exception) : Gérard Vonpierre

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